Forum, samedi, 23 août 2008, p. 25
L'avenir d'Israël est en jeu
"Chose promise, chose due !" Ce sont les paroles que le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah a prononcées devant les dizaines de milliers de fidèles venus accueillir les prisonniers libanais libérés par Israël. Le Hezbollah sort ainsi grand gagnant de cette entente conclue avec Israël à travers le médiateur allemand. Cela est d'autant plus vrai que depuis mai 2000, date du retrait des troupes israéliennes du Sud Liban suite à la politique d'autruche décidée par Ehud Barak, la milice chiite pro-iranienne a remporté le premier volet d'une guerre de longue haleine contre l'État hébreu.Cette victoire est avant tout dans la rue arabe quelles que soient la religion et les affinités politiques que cette rue détienne.
Après la décision de démission du premier ministre israélien Ehouh Olmert, Sayyed Hassan Nasrallah confirme encore une fois sa position de "leader" incontesté de la rue arabe et musulmane tous azimuts.En effet, en s'affichant comme le parti qui a su mettre à genoux la plus puissante des armées de la région, le Hezbollah a d'un seul coup remonté le moral arabe et lui a donné une cause nouvelle et un espoir de reprendre la revanche sur un Occident colonialiste et impérialiste ; et par-dessus tout, de reprendre le combat contre l'Infidèle, le Croisé et plus tard le Mécréant qui avaient conquis la "Terre Sainte de l'Islam", Jérusalem.Mieux encore, la victoire politique sans contestation de la guerre de juillet 2006 a donné plus de poids à la stature de Sayyed Hassan Nasrallah. Ce dernier est devenu le porte-parole de la résistance islamique non seulement au Liban mais à travers le monde arabo-musulman où les peuples cherchent désespérément une figure historique qui leur rappelle l'apogée de l'Islam dans les siècles passés face à un Occident en perdition et dont la société n'a plus de valeurs au sens sociétal et familial du terme. Ainsi, Nasrallah devient l'exemple de la pureté de l'esprit musulman et de la lutte contre "l'Infidèle" et le "Sioniste".
Les signes de faiblesse
La décision d'Olmert de démissionner quelques jours seulement après avoir accepté de libérer les prisonniers libanais et palestiniens est le résultat direct d'une faiblesse sans contestation de cette politique "olmertienne". Ce qui pousse la rue arabe encore vers une quasi-adoration de Nasrallah pour ajouter "victoire" après "victoire" contre l'État hébreu.Or, à analyser de près la politique "olmertienne", l'on constate qu'elle est pour le moins dangereuse pour l'avenir même de l'État hébreu, aussi réaliste et "humanitaire" qu'elle ne paraisse aux yeux de l'actuel gouvernement israélien.Avec la montée en puissance d'un Hezbollah plus que jamais fort d'un appui populaire, non seulement chiite, mais sunnite dans certains cas (à Gaza et certains pays arabes) et chrétien dans d'autres (au Liban), rien ne garantit à Israël que les demandent et exigences du Hezbollah vont s'arrêter !
De plus, l'insistance du Hezbollah sur la l'identité libanaise des fermes de Chebaa malgré qu'elles aient été conquises par Israël de l'armée syrienne, fait en sorte que ce dossier demeure comme une épée de Damoclès pour Israël. Sans oublier, bien entendu, l'armement sophistiqué du Hezbollah et sa présence au nord de la frontière israélienne même si c'est interdit par le Conseil de sécurité des Nations unies.À cela s'ajoute un Iran plus fort que jamais et une politique américaine chancelante et en perdition dans la région, malgré une apparence de confrontation avec l'État perse.
Faible Israël
Ainsi, Israël n'a jamais paru aussi faible aux yeux de la rue arabe qui rêve maintenant de donner l'assaut final pour libérer Jérusalem et rendre à l'Islam son prestige d'antan. Mais alors comment faire pour mettre un terme à cette faiblesse ? La question se pose dans plus d'un cercle, aussi bien israélien qu'occidental. La réponse demeure toutefois insatisfaisante car les conséquences pourraient être graves non seulement pour Israël mais pour l'ensemble de la région voire de la planète.Trois scénarios sont plausibles et tous les trois passent par le remplacement d'Ehud Olmert à la tête du gouvernement israélien. Le premier se traduirait sans doute par l'arrivée au pouvoir de l'aile radicale d'Israël, représentée en partie par le Likoud et donc par Benjamin Nétanyahou. La seconde, serait que le parti Kadima demeure au pouvoir en substituant son chef par un autre dont le charisme fera en sorte de sauvegarder l'honneur. Le dernier cas de figure serait celui de l'arrivée des Travaillistes d'Ehud Barak à la tête du gouvernement.
Alain-Michel Ayache,
Département de science politique,
Université du Québec à Montréal
© 2008 Le Droit. Tous droits réservés.
Numéro de document : news·20080823·LT·0038
Après la décision de démission du premier ministre israélien Ehouh Olmert, Sayyed Hassan Nasrallah confirme encore une fois sa position de "leader" incontesté de la rue arabe et musulmane tous azimuts.En effet, en s'affichant comme le parti qui a su mettre à genoux la plus puissante des armées de la région, le Hezbollah a d'un seul coup remonté le moral arabe et lui a donné une cause nouvelle et un espoir de reprendre la revanche sur un Occident colonialiste et impérialiste ; et par-dessus tout, de reprendre le combat contre l'Infidèle, le Croisé et plus tard le Mécréant qui avaient conquis la "Terre Sainte de l'Islam", Jérusalem.Mieux encore, la victoire politique sans contestation de la guerre de juillet 2006 a donné plus de poids à la stature de Sayyed Hassan Nasrallah. Ce dernier est devenu le porte-parole de la résistance islamique non seulement au Liban mais à travers le monde arabo-musulman où les peuples cherchent désespérément une figure historique qui leur rappelle l'apogée de l'Islam dans les siècles passés face à un Occident en perdition et dont la société n'a plus de valeurs au sens sociétal et familial du terme. Ainsi, Nasrallah devient l'exemple de la pureté de l'esprit musulman et de la lutte contre "l'Infidèle" et le "Sioniste".
Les signes de faiblesse
La décision d'Olmert de démissionner quelques jours seulement après avoir accepté de libérer les prisonniers libanais et palestiniens est le résultat direct d'une faiblesse sans contestation de cette politique "olmertienne". Ce qui pousse la rue arabe encore vers une quasi-adoration de Nasrallah pour ajouter "victoire" après "victoire" contre l'État hébreu.Or, à analyser de près la politique "olmertienne", l'on constate qu'elle est pour le moins dangereuse pour l'avenir même de l'État hébreu, aussi réaliste et "humanitaire" qu'elle ne paraisse aux yeux de l'actuel gouvernement israélien.Avec la montée en puissance d'un Hezbollah plus que jamais fort d'un appui populaire, non seulement chiite, mais sunnite dans certains cas (à Gaza et certains pays arabes) et chrétien dans d'autres (au Liban), rien ne garantit à Israël que les demandent et exigences du Hezbollah vont s'arrêter !
De plus, l'insistance du Hezbollah sur la l'identité libanaise des fermes de Chebaa malgré qu'elles aient été conquises par Israël de l'armée syrienne, fait en sorte que ce dossier demeure comme une épée de Damoclès pour Israël. Sans oublier, bien entendu, l'armement sophistiqué du Hezbollah et sa présence au nord de la frontière israélienne même si c'est interdit par le Conseil de sécurité des Nations unies.À cela s'ajoute un Iran plus fort que jamais et une politique américaine chancelante et en perdition dans la région, malgré une apparence de confrontation avec l'État perse.
Faible Israël
Ainsi, Israël n'a jamais paru aussi faible aux yeux de la rue arabe qui rêve maintenant de donner l'assaut final pour libérer Jérusalem et rendre à l'Islam son prestige d'antan. Mais alors comment faire pour mettre un terme à cette faiblesse ? La question se pose dans plus d'un cercle, aussi bien israélien qu'occidental. La réponse demeure toutefois insatisfaisante car les conséquences pourraient être graves non seulement pour Israël mais pour l'ensemble de la région voire de la planète.Trois scénarios sont plausibles et tous les trois passent par le remplacement d'Ehud Olmert à la tête du gouvernement israélien. Le premier se traduirait sans doute par l'arrivée au pouvoir de l'aile radicale d'Israël, représentée en partie par le Likoud et donc par Benjamin Nétanyahou. La seconde, serait que le parti Kadima demeure au pouvoir en substituant son chef par un autre dont le charisme fera en sorte de sauvegarder l'honneur. Le dernier cas de figure serait celui de l'arrivée des Travaillistes d'Ehud Barak à la tête du gouvernement.
Alain-Michel Ayache,
Département de science politique,
Université du Québec à Montréal
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Numéro de document : news·20080823·LT·0038
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