Thursday, October 16, 2008

Trois Aspects!






Trois Aspects!

Alain-Michel Ayache


Au moment où j’écris ces mots, le résultat des élections fédérales demeure encore inconnu bien que la plupart des sondages penche du côté des Conservateurs pour un second mandat minoritaire.

Toutefois, le présent article n’est pas pour commenter le résultat encore moins l’analyser, mais plus pour souligner quelques aspects particuliers de ces élections, notamment en ce qui a trait au Québec et au Canada. En effet, tout au long de cette campagne, les médias n’ont pas cessé de décrire le Québec comme le principal terrain de ‘bataille’ entre les Conservateurs, les Libéraux et les Blocquistes et pour cause : Que ce soit Harper, Dion ou même Duceppe, l’enjeu tournait autour de la notion de la « Nation » québécoise et de la place du Québec au sein du Canada ou même au sein du gouvernement, et donc, une sorte d’un accès au pouvoir, un peu peut-être à l’image du Conseil de Sécurité! Enfin, presque!

Un débat qui limite les perspectives…

Ce qui me conduit à ma première question : Si le débat actuel se limite toujours à celui de la nation québécoise versus le Canada anglais, qu’en est-il des autres francophones à travers le Canada? N’ont-ils pas droit au chapitre de la décision de leur avenir également ou tout simplement de leur appartenance ou non à cette « Nation »? Que ce soit les Acadiens ou les Franco-Ontariens ou ceux qui habitent les autres provinces et territoires du Canada, la décision de souscrire à la définition du Premier Ministre sortant (entrant), celle de considérer le Québec comme étant une nation au sein du Canada, n’est pas nécessairement approuvée par l’ensemble de la population francophone, d’autant plus que si l’on parte du principe que le Canada ait été fondé par les deux nations européennes, française et britannique et les Autochtones qui y habitaient le territoires, les descendants de ces populations qui se seraient dispersées à travers le Canada actuel détiennent théoriquement toujours le droit de réclamer leur appartenance à ces peuples fondateurs et donc prétendraient que la nation « canadienne » est également francophone. En d’autres termes, pourquoi pénaliser les autres francophones du Canada pour satisfaire uniquement une partie même majoritaire en limitant l’appartenance du la nation francophone à la seule notion québécoise?

Et les autres?

À cela s’ajoute également les autres « Québécois » et « Franco-Canadiens » dont en fait, l’immigration au Canada est très récente. Ces derniers, n’étant pas nécessairement de descendances européennes, mais proviennent d’anciennes colonies ou protectorats français et chérissent, si non plus, la langue de Molière que les Québécois eux-mêmes! D’ailleurs, s’ils ont choisi le Canada et le Québec surtout, c’est principalement à cause du fait français. Alors, que dire d’eux? Ont-ils droit au chapitre du choix entre la notion de la « Nation » et son identité « québécoise » ou « canadienne »?

Ce qui est pour le moins stressant pour ces populations, notamment en temps d’élections, c’est que les politiciens leur font appel et les qualifient de ‘Québécois’ ou de ‘Canadiens’ à part entière, alors qu’en réalité, la majorité d’entre eux a du mal à se faire accepter en tant qu’égale des « Québécois de souche » ou même des autres citoyens du pays! Ce ne sont pas les exemples qui manquent… notamment en matière d’intégration au travail!

Ce qui m’emmène à ma seconde question : Quelles sont leurs orientations politiques et Comment voteraient-ils durant les élections?

Le choix des « immigrants »!

C’est sans doute la question principale que les chefs des partis politiques se sont posés ces derniers jours… et pour cause, le vote ethnique, aussi étrange que cela puisse paraître, est d’une importance majeure, malgré le fait que les politiciens ne semblent – du moins pour la plupart – intéressés par le prendre au sérieux. À part l’équipe Harper et le NPD, les autres chefs des partis semblent avoir pris pour acquis le vote ethnique, chacun à travers sa vision de l’importance à accorder ou non à telle ou telle communauté. Le problème, c’est que généralement, les communautés culturelles et notamment celles dont la majorité est constituée de personnes de la première génération, c’est-à-dire des personnes qui sont nées à l’étranger et se sont établies par la suite au Canada, examinent avant tout la politique étrangère du gouvernement avant de décider pour qui voter. C’est le cas du moins des communautés issues du Proche et Moyen-Orient, où le vote est traditionnellement orienté du côté des Libéraux. Ces dernières se sont – du moins selon les rumeurs qui circulent – détachées des slogans libéraux pour aller voter pour Harper – pour celles parmi elles qui ont vu en la politique étrangère du présent gouvernement un salut pour leur cause, notamment les Chrétiens du Proche et Moyen-Orient et une bonne partie des communauté juives, notamment les Sépharades – et pour le NPD de Layton pour celles qui ne croyaient plus au message des Libéraux pour qui elles votaient traditionnellement – principalement les communautés musulmanes moyen-orientales et nord-africaines.

Ainsi, l’on se demande après tout si les candidats choisis par les différents partis politiques et qui proviennent de communautés culturelles sont véritablement représentatives de la volonté des leurs! Un examen des résultats donnerait à priori un début de réponse à cette question. Ce qui nous pousse à croire qu’une étude scientifique est sérieusement nécessaire pour comprendre l’apport de ces communautés dans une prochaine élection, fédérale soit-elle ou provinciale, d’autant plus que selon les chiffres à notre disposition, un Montréalais sur quatre est né à l’étranger. Un pourcentage qui avoisine les 40% en Ontario et les 60% à Vancouver!

Ce qui me pousse à poser ma dernière question pour cet article : Pourquoi les élections tournent autour du seul chef comme si les autres candidats n’existaient pas?

Au-delà du charisme du seul « Chef »…

En effet, toute la campagne électorale était principalement basée sur le « Chef », comme si les autres candidats n’existaient qu’en complément! Même le programme du (des) parti (s) en tant que tel était étroitement lié à la vision du Chef. Or, nous l’avons vu, lorsque Stéphane Dion est sorti de son rôle d’unique acteur, pour permettre aux autres « chefs » du PLC de passer à l’action, le résultat n’était que plus positif. D’ailleurs, c’est grâce à l’intervention des ténors du parti libéral que les sondages sont remontés pour le PLC. Alors, faut-il vraiment baser les campagnes électorales sur la performance du chef uniquement? Qu’en est-il de ces autres candidats, pas nécessairement les ténors ou les aspirant à la chefferie, mais celles et ceux qui, malgré tout, ont ou peuvent avoir également leur mot à dire dans ce genre de campagnes, voire réussir quelquefois là où leurs chefs ont échoué, notamment lorsqu’il s’agit de rallier certaines communautés à leurs programmes… Ce qui me ramène à ma précédente question, pourquoi ne pas permettre pleinement par exemple, aux candidats issues des communautés culturelles de mener leurs propres campagnes sur des thèmes propres à leurs communautés lorsqu’il s’agit de mobiliser ces dernières pour aller voter pour le parti de leur choix? Pourquoi ne pas leur permettre d’avoir leur propre message de campagne, quelque chose qui puisse avoir un sens pour les siens au lieu d’un message copié-collé sur celui du « Chef »? D’aucuns diront que cela ne pourrait se faire car le candidat est avant tout pour toute la population de la circonscription pour laquelle il se présente. Cela est théoriquement vrai, mais qu’en est-il alors de sa communauté dont le nombre justifie une démarche particulière afin de dire enfin que ces communautés font véritablement partie de la « Nation » canadienne était-elle ou québécoise! Au moins personnaliser le message qui leur est destiné!

L’interaction, un chemin obligatoire

Aujourd’hui, et plus que jamais, l’interaction entre les différentes communautés qui constituent le Québec et le Canada est importante afin d’éviter des événements qui toucheraient à la sécurité du pays… Éviter le modèle de la banlieue parisienne (ou même celui de Montréal Nord) et bâtir le citoyen au vrai sens du terme devrait être une priorité du prochain gouvernement fédéral avec l’appui de toutes les provinces et les territoires. Le modèle « trudeauiste » du multiculturalisme doit être revu et corriger pour une meilleure harmonie entre les différentes communautés et pour qu’il y ait une appartenance pleine et entière à la notion de citoyenneté canadienne. Le second choix serait alors l’appartenance linguistique, où la notion de la « nation » serait répartie entre le Canada anglophone et le Canada francophone incluant le Québec. D’où ma dernière question à laquelle je vous demande de répondre : À quand un parti fédéral francophone dédié uniquement à la défense des intérêts des francophones à travers le Canada.

Saturday, October 4, 2008

Du machiavélisme « Assadien » renouvelé !






Du machiavélisme « Assadien » renouvelé !

Alain-Michel Ayache

À en croire les nouvelles en provenance de Damas, la voiture piégée qui a explosé le samedi 27 septembre dernier serait le travail d’un terroriste irakien lié à Al-Qaïda. Ce « terroriste-suicidaire » se serait fait exploser avec sa voiture en plein milieu de la foule dans une région dense sur le chemin de l’aéroport. Les nouvelles annoncent également que l’explosion a fait exactement 17 morts et 14 blessés, tous des civils!Or, voilà! Là où cette histoire devient un peu trop loufoque, c’est lorsqu’elle pointe du doigt des citoyens d’autres pays arabes voisins qui se seraient aventurés sur le sol syrien!

Un pays sous haute surveillance

N’importe quel spécialiste et observateur de la région du Proche-Orient en général et de la Syrie en particulier, vous dira qu’il est pratiquement impossible pour un étranger et encore moins pour un citoyen arabe de la région de rentrer aux toilettes sans qu’il ne soit sous la surveillance des services secrets syriens. Or, depuis quelques temps, une série d’assassinats ciblés semblent prendre de l’ampleur en Syrie et surtout dans la capitale, Damas. Ce qui est plus étrange, c’est que ces assassinats ciblent souvent des généraux d’état-major de l’armée syrienne et souvent des services de renseignement. Des officiers responsables de dossiers très sensibles reliés d’une manière ou d’une autre à la problématique du Hezbollah et de l’Iran du moins pour certains.

Bien entendu, le bouc-émissaire officiel est toujours Israël. Sauf pour ce dernier cas où c’est maintenant Al-Qaïda qui est officiellement pointée du doigt et pour cause.

En effet, cette explosion qui vient de secouer encore une fois le centre de Damas n’est pas sans créer des controverses. Ainsi, trois thèses se disputent les causes et la nature du message dont l’attentat serait porteur.

La version officielle

La première, qui est la version officielle, veut que cet acte ait été commis par un terroriste venu spécialement d’Irak conduisant une VUS de marque Suburban de couleur lie-de-vin et qui voulait transmettre un message aux autorités syriennes qui sont d’une part ouvertes au dialogue avec les Israéliens et de l’autre se battent contre les Sunnites par troupes interposées, entendez les alliés alaouites au Liban qui se battent contre les intégristes sunnites proche du camp Hariri. Donc, pour Damas, ce sont les Sunnites intégristes au Liban qui auraient payé ou encouragé le « terroriste sunnite irakien » de conduire jusqu’à Damas pour se faire sauter avec sa voiture emportant avec lui 17 civils. Étrange aventure lugubre! Car d’habitude dans des attentats pareils, il y a plus de blessés que de morts!

La version Chiite

La seconde version est celle qui met en relief le rapprochement entre Damas et Tel-Aviv même si cela se passe d’une manière indirecte à travers l’intermédiaire turc. Cette volonté soudaine de Damas de reprendre les pourparlers dans le but d’aboutir à des négociations en face à face avec les dirigeants israéliens et plus tard à une paix durable, serait vue d’un mauvais œil par le Hezbollah et par les Iraniens. Ces derniers auraient tenté de trouver des alliés au sein des armées syriennes, notamment parmi ceux qui n’aiment pas trop nécessairement Assad et son équipe. Cette volonté iranienne qui met en relief des promesses qui auraient été faites par Assad à Israël de mettre de sérieux bâtons dans les roues de la machine de guerre et de la logistique du Hezbollah et de l’Iran en échange d’une place de choix sur l’échiquier régional, semble être le cœur de cette thèse. Ce qui crédite également cela, c’est l’assassinat aussi bien de Imad Moghnieh, le numéro 2 dans l’échelle de commandement des miliciens du Parti de Dieu et du Général Mohamed Sleiman qui, disait-on, était l’officier de liaison avec le Hezbollah.

Aussi plausible que cela puisse paraître, et si l’on considère les informations officieuses, bien que transmises par des diplomates, que la cible réelle était un général dans l’armée syrienne du nom de Abdel-Karim Abbas, un grand point d’interrogation se pointe alors! Et pour cause : Ce général en question est impliqué dans le dossier de l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais, qui est Sunnite, et avait été demandé à La Haye pour témoigner de ce qu’il sait de cet attentat.

Or, voilà que l’attentat, semble-t-il, met un terme à sa visite annoncée, puisque selon des témoignages, sa limousine qui aurait été entièrement détruite et dans laquelle il se serait trouvé avec son fils, aurait été enlevée rapidement de la scène du crime par les autorités syriennes qui maintiennent leur version des « 17 tués et 14 blessés, tous des civils! »

La version plausible

Quant à la troisième thèse et qui semble être la plus plausible, Bachar al-Assad aurait finalement lu dans le livre machiavélique de son feu père Hafez al-Assad et aurait concocté toute cette affaire pour les raisons suivantes :

En se positionnant comme victime d’un acte de terrorisme semblable à ce qui touche Israël et les Américains ainsi que les Irakiens en Irak, le régime syrien attirera sans aucun doute l’attention mais aussi la sympathie des grands, le sortant ainsi de son isolation imposée par les États-Unis en particulier;

En éliminant un officier de haut rang qui allait témoigner sans doute contre sa personne, sa famille régnante et son régime en l’impliquant directement dans l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais, Assad mettrait indirectement fin à la durée de vie du Tribunal. Cela est d’autant plus vrai que les finances consacrées par l’ONU à ce tribunal international sont très limitées dans le temps et donc le tribunal ne peut survivre plus de deux ans;

En utilisant un bouc émissaire sunnite, il pourra alors justifier que ce sont les Sunnites intégristes du Nord du Liban et notamment à Tripoli et dans la région du Akkar qui sont derrière ce complot. Cette justification lui donnera alors les excuses pour une opération militaire de grande envergure contre les bases de ces derniers, au Liban. Cela est d’autant plus vrai surtout si l’armée libanaise n’arrive pas à entrer dans cette zone pour des raisons purement politiques largement créées par les alliés politiques de Damas au Liban. Ce faisant, l’armée libanaise serait alors désignée comme faible et incapable de mettre un terme à ces bases d’Al-Qaïda, justifiant du fait une opération militaire syrienne de grande envergure sur le sol libanais. Ce sera prendre la revanche sur les Libanais et contrôler de nouveau une partie importante du Nord sous prétexte de sauvegarder la Syrie des attaques à partir du Liban. Bien entendu, pour cela, l’armée libanaise devrait être affaiblie et son moral miné. Une campagne est alors nécessaire pour cela.

Or, il semblerait qu'elle soit déjà commencée, car pour la seconde fois, les soldats libanais sont la cibles au Liban Nord d’attentats suicides. Ce qui rend cette thèse plus crédible que les autres, c’est que récemment, le régime syrien aurait opéré une purge au sein de son armée sunnite et aurait massé les meilleurs de ses troupes d’élites alaouites, les tristement fameuses Panthères Roses sur la frontière libano-syrienne comme pour envoyer un message d’intimidation à l’actuel gouvernement libanais.

La maillon manquant…

Ainsi, cet attentat ne serait qu’un leurre de la part d’un Bachar al-Assad qui suit maintenant les enseignements machiavéliques de feu son père dans une optique plus générale, celle de sortir de l’isolement en ayant en main les meilleures cartes possibles pour une meilleure négociation avec les Israéliens mais surtout avec les Américains. Ce qui lui manque pour concrétiser cela, c’est un attentat majeur contre une ambassade ou des dignitaires occidentaux en Syrie même et dont les auteurs viendraient, bien entendu, du milieu sunnite… libanais !